GALERIE NICOLAS FOURNERY

Paire de grandes carpes (koi) bondissantes. Japon, Arita, vers 1700

Chaque carpe est modelée en creux, assise sur sa nageoire caudale courbée et fourchue, avec la gueule ouverte, les yeux saillants, les nageoires pelviennes relevées, et les écailles détaillées. Les cyprinidés reposent chacun sur des bases légèrement ovales représentant un rocher tacheté de manganèse et de rouge-de-fer sur lequel déferlent des vagues d’où bondissent les poissons. Le corps de chacune d’elles est peint en dégradés de bleu de cobalt, avec des reflets violets et irisés ainsi que des rehauts d’or.

Origine :
Chine
Époque :
Edo (1603-1867), circa 1700
Matière :
Porcelain
Taille :
30 cm
Référence :
E003
Statut :
vendu

Oeuvres en rapport

Deux modèles semblent figurer dans l’inventaire de la reine Mary II d’Angleterre (1662-1694) à Kensington Palace en 1693, décrit comme « two fishis » (Hinton and Impey, Kesington Palace and the Porcelaine of Queen Mary II, London, 1998, p. 40). En mars 1756, le livre-journal du marchand-mercier Lazare Duvaux, rue Saint-Honoré, mentionne « Deux carpes de porcelaine ancienne sur des rochers rustiques, de 14 l [livres] ». En 1768, dans le catalogue de la vente de Monsieur Gaignat figurent Deux Carpes de Porcelaine du Japon, sur leurs rochers vernissés en partie. Enfin, le portrait de Pierre Victor, baron de Besenval de Brünstatt dans son salon, peint en 1791 par Henri-Pierre Danloux (conservé à la National Gallery de Londres), présente posée sur un meuble d’appui en marqueterie Boulle une carpe similaire.

Une paire de carpes identiques, avec une monture rocaille en bronze doré d’époque Louis XV, a été présentée par Pascal Izarn à la Biennale en 2016.

Une paire de carpes du même modèle, avec une monture en bronze doré du début du XIXe siècle, provenant de la Galerie Kraemer (1989) était conservée dans la collection Jayne Wrightman (Christie’s NYC, The Collector : English & European Furniture, 8 avril 2021, lot 189).

Une carpe similaire cependant posée sur un rocher d’une autre forme, conservée au Fitzwilliam Museum (Cambridge, accession no. C.43A-1962), est illustrée par John Ayers, et Oliver Impey, J.V.G. Mallet dans Porcelain for Palaces: The fashion for Japan in Europe 1650-1750 (The Oriental Ceramics Society, 1990,  cat. no. 178, p. 189).

Enfin, une autre paire de carpes posées sur un rocher de section carrée, provenant de la Collection Thiers est conservé au Musée du Louvre (TH485/TH486).

Notice

Il est probable que les potiers japonais se soient inspirés d’un modèle en terre cuite émaillée chinois datant de la dynastie Ming pour réaliser ces modèles de carpes en porcelaine. Comme en Chine, la carpe est associée au Japon à la longévité, à la persévérance, ou encore à la fidélité dans le mariage.

En Chine, la carpe bondissante d’eaux écumantes était associée à une vieille légende selon laquelle la première carpe à remonter le courant du fleuve Jaune et à sauter par-dessus les courants de la Porte du Dragon (Longmen) se transformerait en dragon. Ce conte populaire était une métaphore du lettré qui, après avoir réussi les examens impériaux, devenait un fonctionnaire de haut rang. A la suite de la Chine, la carpe est devenue un motif populaire dans les arts décoratifs japonais où sa signification symbolique prévalait. L’une des façons les plus usuelles de la représenter consistait à dépeindre l’animal se courbant vers le haut au-dessus des vagues, le modèle présenté ici en étant un parfait exemple.

Ces sculptures en porcelaine ont dû être utilisées comme des figures décoratives, et peut-être des vases. Différents exemplaires ont été réalisés par les potiers japonais d’Arita, de tailles variables (allant généralement de 12 cm à 32 cm), avec différents types de bases représentant soit un rocher, soit des vagues ou parfois même les deux comme sur le modèle présenté ici. Parfois, dans les arts décoratifs japonais, une figure masculine grimpe sur une carpe. Le personnage représente alors Benkei, un moine guerrier du XIIe siècle. La légende veut qu’une carpe géante aurait mangé sa mère près des cascades de Bishamon et qu’il se serait lancé à sa poursuite pour la venger.

Les carpes en porcelaine du Japon ont été exportées vers l’Europe à partir de la fin du XVIIe siècle. La qualité de ces sculptures en porcelaine du Japon, le fait que les porcelaines du Japon étaient aussi plus fortement prisées au début du XVIIIe siècle que celle de la Chine, ainsi que leurs caractères extrêmement décoratifs par nature, leurs a valus parfois d’être adaptées sur des montures en bronze doré par les marchands-merciers au XVIIIesiècle.

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