Assiette armoriée pour le marché français (Fleuriot de Langle). Qianlong
Décorée dans les émaux de la famille rose, avec les armes Fleuriot de Langle, D’argent, au chevron de gueules accompagné de trois roses de gueules, tirées et feuillées de sinople, et les armes Kerouartz, D’argent, à la roue de sable, accompagnée de trois croisettes de même, avec un collier de chevalier de Saint Louis.
- Origine :
- Chine
- Époque :
- Qianlong (1735-1795), circa 1787
- Matière :
- Porcelaine
- Taille :
- 22.5 cm
- Référence :
- D078
- Statut :
- vendu
Provenance
Importante collection française de porcelaines de la Compagnie des Indes à décor armorié
Oeuvres en rapport
Ce service est illustré dans Armoiries françaises et suisses sur la porcelaine de Chine au XVIIIe siècle, 2009
Une assiette de ce service est conservée dans les collections du Musée de la Marine (France, acquise en 2008, numéro d’inventaire 2008.24.1).
Notice
Ce service a été commandé pour Paul-Antoine Fleuriot de Langle. Il était un vicomte français, académicien de marine, commandant de marine et explorateur.
En 1738, il épouse Marie de Kerouartz, nièce et pupille du comte Hector, lieutenant général en chef de la Marine à Brest pendant la guerre d’indépendance américaine
En 1758, il débute une carrière d’officer de marine, puis devient enseigne en 1770. En 1771, à seulement 27 ans, Fleuriot de Langle est admis comme membre de l’Académie de Marine.
En 1778, il est promu lieutenant de marine et la même année est fait chevalier de l’ordre de Saint-Louis.
Du 1er janvier 1781 au 15 mars 1781, il commande l’Aigrette, puis le 27 avril 1781, il prend le commandement de La Résolue, pour transporter en Amérique le colonel Loreins et le capitaine Penn, émissaires des États-Unis. Arrivé à Boston le 27 août 1781, après avoir effectué quelques prises lors de la traversée, il repart le 9 octobre 1781 et rejoint l’armée du comte de Grasse. Il était chargé d’apporter la somme de 4.300.000 livres aux insurgés américains.
En 1782, il devient capitaine lorsqu’il participe à l’expédition de la baie d’Hudson sous le commandement de La Pérouse. Les États-Unis lui ont témoigné leur gratitude en le nommant chevalier de l’ordre de Cincinnatus.
Ce service fut commandé à Macao (Chine) où Paul-Antoine séjourna, entre le 3 janvier et le 5 février 1787, alors qu’il participait à une expédition à travers l’océan Pacifique sous le commandement de Jean-François de Galop, comte de La Pérouse. Ce service fut envoyé en France sur la frégate la Flibuste.
Paul-Antoine était commandant en second de l’expédition La Pérouse et naviguait sur l’Astrolabe, le deuxième navire qui participait à l’expédition, tandis que La Pérouse commandait La boussole. Après avoir quitté la Chine, ils embarquent pour le Kamtchatka (Sibérie) où ils y déposent Barthélémy de Lesseps, oncle du futur constructeur du canal de Suez, en France par la Sibérie, la Russie et l’Allemagne, accompagnés de deux caisses de documents.
Enfin, les deux navires arrivèrent en Océanie aux îles Samoa (aujourd’hui les Samoa américaines). Après leur arrivée à Tuitula (archipel des Samoa), Paul-Antoine alla à terre avec dix membres de l’équipage pour chercher de l’eau. Pour convaincre les chefs indigènes de rétablir l’ordre, Fleuriot de Langle offrit aux femmes quelques objets insignifiants, et elles se retirèrent en bon ordre. L’échange de cadeaux et les inévitables comparaisons qui s’ensuivaient ont créé des jalousies et n’ont fait qu’amplifier les tensions. Bientôt 7 à 8 000 indigènes hostiles encerclèrent les bateaux et les tonneaux et empêchèrent les Français de rembarquer, mais Langle refusa de tirer sur eux car les ordres du roi de France avaient été de maintenir la mission paisible. Touché à la tête par une pierre, Langle tombe à l’eau, mort, et ses marins ouvrent le feu. Dans le massacre qui s’ensuit, 12 marins sont tués et 20 blessés et achevés à coups de massue.
La Pérouse a disparu quelque temps plus tard lorsque les deux navires ont apparemment été pris dans une tempête. La Pérouse a dit de Langle qu' »Il est mort pour son humanité » et « J’ai perdu par la plus horrible des trahisons mon meilleur ami, mon ami depuis trente ans. Un homme plein d’esprit, de jugement, de connaissance, et certainement l’un des meilleurs officiers dans toutes les flottes d’Europe ».
Les restes de Paul Fleuriot de Langle ont été rapportés en France, et ont été enterrés dans le chœur de l’église Saint-Louis de Brest. Paul-Antoine Fleuriot de Langle figure sur un monument aux morts sur le site de l’île de Tutuila aux Samoa américaines, inscrit « Inauguré en 1883 pour honorer la mémoire de onze membres de l’expédition Lapérouse massacrés en ce lieu ».
En 1999, une expédition archéologique à Vanikoro a plongé sur les épaves de la Boussole et de l’Astrolabe, et a trouvé une fourchette en argent avec les armoiries de Fleuriot de Langle.