Rare aiguière peinte dans les émaux de la famille rose en porcelaine de Chine d’époque Yongzheng
Rare et grande aiguière à crosse en porcelaine de la Compagnie des Indes peinte dans les émaux de la famille rose, avec des personnages sur un char.
- Origine :
- China
- Époque :
- Yongzheng (1723-1735), vers 1725
- Matière :
- Porcelaine
- Taille :
- 28 cm
- Référence :
- A32
- Statut :
- vendu
Provenance
Galerie Léon Wannieck
Oeuvres en rapport
Beurdeley, M., Porcelaine de la Compagnie des Indes, p. 179 (pour la forme)
Pour une aiguière à crosse plus petite décorée dans la palette Imari, voir Aguttes, 23 mai 2012, lot 45
Pour une aiguière à crosse proche conservée dans les collections publiques françaises, voir Lorient, Musée de la Compagnie des Indes, Inv. 2000-9-1.
Notice
Il est d’usage de dire que la fonte de la vaisselle d’or et d’argent, ordonnée par les trois édits somptuaires de Louis XIV promulgués en 1689 1699 et 1709, contribua largement au développement de la faïence en France. Saint-Simon écrit d’ailleurs dans ses Mémoires que « Tout ce qu’il y eut de grand ou de considérable se mit en huit jours en faïence » , mais les faïenciers ne sont pas les seuls à avoir profité de ces circonstances. La Compagnie des Indes, souvent moins évoquée, fournit aussi la nouvelle vaisselle nécessaire au service à la française.
La Compagnie des Indes fit ainsi réaliser en Chine dans les fours de Jingdezhen des pièces de forme comme des écuelles à bouillon, des rafraichissoirs, des terrines, des bougeoirs « à la financière » ou encore des aiguières à crosse. Moins précieuses que la vaisselle d’or et d’argent, mais plus coûteuses que la faïence, ces pièces de forme empruntèrent alors, comme en faïence, leurs formes à l’orfèvrerie. Les artisans chinois s’appliquèrent ici même à modeler les godrons et les bourrelets qui n’étaient pas nécessaire à la réalisation de l’objet en porcelaine. Cette aiguière à crosse se rapproche ainsi d’un modèle en argent conservé au musée du Louvre et exécuté vers 1700 par l’orfèvre Edouard Leblond.
Souvent incorrectement appelées « hanap », ou « aiguière casque » depuis la fin du XIXe siècle, ces aiguières à crosse étaient utilisées pour la toilette, les ablutions en début et fin de banquet et parfois abusivement pour le service des boissons. Elles commencent à apparaitre sur la table française sous le règne de Louis XIV, au milieu du XVIIe siècle, et ne sont plus guère utilisées après 1740. Il est déjà plutôt rare d’être confronté à de grandes aiguières à crosse en porcelaine de Chine peintes dans les émaux de la famille verte, mais il l’est encore davantage dans les émaux de la famille rose. En effet, durant le règne de l’Empereur Yongzheng (1723-1735), lorsque la palette de la famille rose se développe, l’usage de l’aiguière à crosse se perd peu à peu.