Théière du Gouverneur de la Louisiane (marché français / américain). Qianlong
De forme globulaire, avec des jetés de fleurs traités en or et grisaille, les armes Billouart de Kerlerec, D’or (ici argent) à la croix alésée d’azur (ici or), surmontée de deux molettes de même, et les armes (du) Bot, D’argent (ici d’azur) à une face de gueules (ici d’or).
Ces armes montrent bien les changements qui s’opéraient dans la représentation des émaux, soit en Europe, soit en Chine. A gauche, les couleurs des armes ont été complètement inversées, au non respect même des règles héraldiques, puisqu’il y a une pièce or sur un fond argent. Seules les deux molettes sont exécutées correctement. La faute n’est cependant pas à mettre sur l’artiste chinois, puisqu’il a dupliqué rigoureusement le modèle qu’on lui a donné. En effet il a reproduit sur la face, des armes de droite, les traits verticaux, présents sur la gravure d’origine envoyée en Chine et recouverts d’or, qui indiquent que l’email d’origine était rouge (gueules). Il y a eu donc volonté de la part de l’illustrateur européen de changer les émaux des armes pour indiquer une brisure.
- Origine :
- Chine
- Époque :
- Qianlong (1735-1795), circa 1750
- Matière :
- Porcelaine
- Taille :
- 15 cm (hauteur) / 22 cm
- Référence :
- D025
- Statut :
- vendu
Oeuvres en rapport
Cette théière est illustrée dans Armoiries françaises et suisses sur la porcelaine de Chine au XVIIIe siècle, 2009, p. 81. Les armes portent le collier de l’Ordre de Saint Louis qu’il reçoit en 1746. Louis Billouart arrive en France en mars 1750 et y resta 3 mois, moment propice pour avoir commander son service à thé. La livraison a probablement été effectuée quelques mois avant son départ en Louisiane.
Un portrait de Louis Billouart est conservé dans les collections du Louisiana State Museum (numéro d’inventaire T.83.1965). Une miniature le représentant est aussi conservée dans les collections du NYC Historical Society Museum & Library.
Un portrait de Madame Louis Billouart vers 1750/1760 est conservé dans les collections de la University Louisiana Lafayette.
La Louisiane a honoré Louis Billouart de Kerlerec en donnant son nom a une rue principale du quartier français de la Nouvelle-Orléans, la « Kerlerec Street ».
Un document conservé dans les collections des archives nationales des États-Unis représente également Louis Billouart, qui nomme le chef Okana-Stoté des Cherokee comme capitaine au service des Français pendant la guerre française et indienne.
Notice
Louis Billouart, chevalier de Kerlérec est né le 27 juin 1704 à Quimper. Son père est Guillaume Billouart, sieur de Quervasegan, et sa mère est née Louise de Lansullyen. Il sert comme matelot volontaire dans trois campagnes navales françaises de 1718 à 1720, dont la dernière l’emmène en Louisiane.
En 1721, il rentre dans la marine royale, mais quitta par la suite l’armée pour commander un navire marchand engagé dans le commerce des Antilles et de l’Afrique de l’Ouest. Kerlérec se réengage cependant dans l’armée en 1726 et participe à la campagne française contre les Indiens Natchez en Louisiane en 1730. Il est promu enseigne de vaisseau en 1731 et participe aux opérations navales françaises contre les pirates barbaresques l’année suivante.
Entre 1734 et 1737, Kerlérec a effectué trois missions de routine à bord de navires de guerre français. Lors d’un engagement avec une escadre britannique au large de Saint-Domingue en 1740, sous les ordres du marquis d’Antin, il est grièvement blessé au dos. Après avoir été promu lieutenant de vaisseau en 1741, Kerlérec est affecté au service de convoi dans l’Atlantique. Aux commandes de la frégate Neptune en 1745, Kerlérec se blesse au pied droit et aux deux oreilles lors d’une bataille entre les flottes britanniques et françaises. Capturé, contraint de rendre son navire en perdition, il est emmené dans un camp de prisonniers de guerre à Spithead en Angleterre. Après la guerre de Succession d’Autriche (1740-1748), il est autorisé à rentrer en France où il est promu capitaine de navire en 1751. En 1746, il est nommé chevalier de Saint Louis.
De 1753 à 1763, il fut nommé Gouverneur de la Louisiane, dont il fut le dernier représentant. Pendant le mandat de Kerlérec en tant que gouverneur, il a maintenu des relations avec les Cherokee et d’autres puissantes tribus amérindiennes en offrant des cadeaux, préférant la corruption à la guerre. Au sein de la colonie, cependant, sa relation avec l’administrateur colonial Vincent de Rochemore s’est avérée très difficile, et ces deux personnages se sont livrés à une lutte de pouvoir constante. Dans un premier temps, Kerlérec prend le dessus en faisant placer Rochemore sous son contrôle en 1760 puis le fait rappeler en France. En 1763, cependant, Rochemore use de sa propre influence politique à Versailles pour faire rappeler Kerlérec, l’accusant d’avoir violé les ordres du roi.
A son retour en France en 1763, Kerlérec est emprisonné à la Bastille. Il fut ensuite exilé de Paris en 1769 et sommé de rester à au moins trente lieues de toute résidence royale. Légalement disculpé de toutes charges le 3 septembre 1770, Kerlérec décède le 8 septembre de cette même année à Paris, quelques jours seulement après avoir blanchi son nom.
Il fut le dernier représentant de la France dans cette partie du globe puisque Louis XV céda à l’Espagne une partie de la Louisiane par le Traité de Fontainebleau (1762), et le reste aux Anglais par le Traité de Paris (1763).
Bibliographie :
Marc de Villiers du Terrage, Les Dernières Années de la Louisiane française (1903);
P. Levot, “Kerlérec, Louis Billouart, chevalier de,” Nouvelle Biographie générale de depuis les temps les plus recules jusqu’a nos jours … (1861), XXVII.
Cowan, Walter Grieves and Jack McGuire. Louisiana Governors: Rulers, Rascals, and Reformers. Jackson: University Press of Mississippi, 2008.
Alexandre Dub, The Imperial Lives of Louis Billouart de Kerlerec, Governor of Louisiana, 127th Annual Meeting American Historical Association, 2013.
Marc de Villiers du Terrage, Les dernières annés de la Louisiane française. Le Chevalier de Kerlérec-D’Abbadie-Aubry-Laussat, 2013.
Hervé Gourmelon, Le Chevalier de Kerlerec 1704-1770: L’affaire de la Louisiane: Un déni de justice sous le règne de Louis XV, Essai de réhabilitation de Louis Billouart de Kervaségan, Chevalier de Kerlérec, Les Portes du Large, 2007.